Ce soir, je plaid' - Le nouveau PODCAST créé par Omer Ameble, étudiant M1

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Extrait de l’interview de réalisée le 21 avril 2023

Matthieu Brochier, associé au sein du cabinet Darrois Villey Maillot Brochier

« La première étape de la conviction, c’est la compréhension. »

J’ai eu l’honneur d’être reçu, pour ce premier épisode, par un prestigieux avocat du Barreau de Paris.

Sa biographie a déjà été réalisée plusieurs fois et je crois qu’il en a l’habitude maintenant.

Mais pour vous, c’est l’ex-secrétaire de la conférence du barreau de Paris, lauréat du concours d’éloquence.

Il est considéré par ses pairs comme l’un des meilleurs plaideurs de sa génération et c’est l’un des grands avocats du marché, d’après le classement Legal 500.

C’est aujourd’hui un associé spécialisé en contentieux du cabinet Darrois Villey Maillot Brochier. Je vous présente l’interview réalisée avec Maître Matthieu Brochier Avocat/Poète dans une autre vie.

Maître Brochier nous livre sa vision des qualités personnelles qui forgent et ancrent un excellent avocat dans son métier. Il se prête au jeu et se confie sur ses objectifs, ses ambitions, son amour pour la poésie mais surtout sur sa source de motivation. Il rend un magnifique hommage au ténor du barreau et à son maître de stage, qui nous a récemment quittés: Maître Hervé Temime.

Une demi-heure de transparence, une véritable graine qu’il plante dans l’esprit de tous ceux qui veulent emprunter ce chemin.

1| LE COEUR ET LE METIER.

Pour commencer, je ne vais pas vous demander comment et pourquoi vous êtes devenu avocat, mais plutôt pourquoi êtes-vous toujours avocat ? J’aimerais savoir les trois choses qui vous plaisent le plus dans ce métier. - Ce qui me plaît dans ce métier c’est d’être toujours à côté de quelqu’un, d’accompagner mon client, de travailler avec mon associé, mon collaborateur, le juge lorsqu’il y a une audience… C’est un métier en totale et permanente interaction. C’est la première raison. La deuxième c’est que c’est un métier qui m’a donné beaucoup. J’ai vu, j’ai partagé des expériences avec mes clients, des audiences, des moments de vie d’une richesse incroyable, qui me construisent, qui me définissent et qui m’ont fait comprendre plein de choses. […] Ensuite, s’il ne faut que trois raisons, car je pourrais en donner plein, la troisième raison serait la suite des deux premières : en raison de ces interactions quotidiennes et de la richesse de ces moments, instants partagés, c’est un métier où je ne m’ennuie jamais. Jamais je me lève en me disant que je ne souhaite pas aller au bureau. […] - Quels ont été les trois principales étapes de votre parcours ? Et comment ces étapes ont façonné l’avocat que vous êtes aujourd’hui ? - Je vais vous répondre à côté, comme un avocat qui, à l’audience, utilise une question et influence le débat […]. Comme le disait un ami ancien avocat du cabinet, ce métier est un marathon sur le long terme : on court sur une distance très longue : 10 ans, 20 ans, 40 ans, 50 ans… Mais c’est aussi un sprint quotidien. C’est donc à la fois un marathon de 42 km, mais aussi un sprint de 100m. Donc, les étapes, j’en ai autant que de jours que j’ai à travailler. Et même dans ces étapes quotidiennes, j’ai des étapes à chaque heure de la journée. Et en prenant du recul sur ces 18 ans d’exercices - cela passe vite (il sourit) - il y a eu énormément d’étapes. C’est comme un apprentissage par rubrique, par escalier où pendant 2 ou 3 ans on est à un niveau ; au bout de 2 ou 3 ans, vous arrivez à intégrer des règles propres au niveau : jeune collaborateur, collaborateur middle, collaborateur senior… Et au bout d’un moment, on se sent prêt à passer au niveau du dessus. Donc finalement, ce n’est pas 3 étapes, c’est un escalier avec plein de marches. - Vous avez de nombreux objectifs, à court, moyen, long, voire très long terme. Aujourd’hui, pouvez-vous dire quels sont vos objectifs à court terme ? - Ils sont inextricables avec les objectifs à long terme. Mon objectif, professionnel, lorsque que l’on me pose une question, c’est, de pouvoir y répondre de la meilleure manière. Ça, c’est le court terme. Le moyen terme est d’arriver à ce que la réponse à la question puisse atteindre le but que le client recherche et que l’on a défini ensemble. À plus long terme, ce serait que la somme de ces questions et réponses aboutisse à une œuvre commune, pour que ce travail en commun soit constructif pour moi, mais aussi pour mon client : moi, pour aider à construire ma carrière, mon expérience, ma vie ; mon client, ses projets. « Je ne suis pas un punk du droit, mais il faut être créatif, disruptif » - Aujourd’hui, vous êtes un avocat qui se démarque de ses pairs. Pouvez-vous nous dire quelle est la qualité, selon vous, la plus sous-estimée de ce métier ? - Alors je ne sais pas si je me démarque de mes pairs. Tout d’abord parce que je travaille avec mon père qui est un de mes pairs, ça sonne bien (il rigole). J’emprunte un chemin que l’on m’a montré, et qui est le mien aujourd’hui. A cet égard, je ne suis pas un punk du droit, mais il faut être créatif, disruptif. Je connais des avocats qui sont très originaux dans leur manière d’exercer, dans leur manière de plaider, dans leur manière d’avoir des idées. Je ne sais pas si je me démarque, je ne pense pas, et je pense qu’il n’y a pas forcément besoin de se démarquer pour être bon. Pour répondre à votre question que j’ai à moitié oubliée (sourires), je pense qu’il y a deux qualités sous-estimées, que je sous-estimais plus jeune. La première c’est que, pour convaincre son client, le juge, son associé, son collaborateur, il faut d’abord être compris : je peux avoir la meilleure idée du monde, si elle est compliquée, si je n’arrive pas à la transmettre, à la faire comprendre, ça ne marchera pas, même si c’est la meilleure idée du monde. La première étape de la conviction, c’est la compréhension. Il faut donc arriver à trouver un outil, que ce soit à l’oral ou à l’écrit, le mot qui soit adapté à mon interlocuteur. Et je pense que lorsque l’on est jeune avocat, on souhaite impressionner avec des mots et des idées compliquées, ; alors que beaucoup de la conviction repose sur des choses très simples. Il ne faut évidemment pas sous-estimer son interlocuteur, mais il ne faut pas le surestimer non plus. L’exemple que je donne toujours aux étudiants, c’est de prendre un mot simple, comme une couleur, le jaune : si je dis jaune, vous n’allez pas penser au même jaune que moi. Peut-être que vous allez penser … - … au soleil par exemple… - …au soleil ? Très bien ! Mais quel soleil ? Le soleil qui se lève ? Celui qui descend en fin de journée ? Le soleil de Bruxelles ? De Paris ? Le soleil de l’île de Naxos dans les Cyclades ? Ce n’est pas du tout la même couleur ! Si je dis un mot aussi simple que « jaune » et que nous ne sommes pas d’accord sur ce mot-là, comment, avec des mots plus compliqués, avec des notions juridiques, peut-on réussir à se comprendre et à se mettre d’accord ? Il y a un travail de pédagogie qu’on sous-estime totalement quand on est jeune et sur lequel on travaille beaucoup quand on avance. Je n’ose pas dire quand on est vieux, je suis encore très jeune (il sourit). La deuxième qualité qu’on sous-estime quand on est jeune, ou en tout cas quand j’étais jeune, c’est la créativité. L’avocat, c’est quelqu’un qui va réfléchir autrement. Il va essayer de trouver des idées auxquelles personne ne pense. Par exemple, au cabinet, on a la chance d’avoir des associés parmi lesquels Laurent Aynès qui est professeur de droit et un civiliste exceptionnel. Ça m’arrive souvent d’aller le voir, de lui dire « mon client a un contrat ; si j’applique les règles du code civil prévues pour ce contrat, voilà la suite logique : etc… ». Et Laurent me dit « d’abord, essaye de m’expliquer ce qu’il y a dans le contrat ; ensuite on va le qualifier ; et de cette qualification nous pourrons déduire des conséquences ». […] Réfléchir toujours, avoir de l’inventivité et stimuler chacun des éléments que l’on vous donne. Ce n’est parce que je mets sur votre table d’avocat un contrat où il est écrit « contrat de vente » qu’il faut accepter cette qualification […]. Cela vaut en conseil comme en contentieux. L’avocat, c’est celui qui trouve des idées et arguments. Ce n’est pas simplement celui qui applique un texte. « Je me mets beaucoup de pression tout seul » - Comme vous aimez le dire, l’avocat est celui qui anticipe le problème, et pas forcément celui qui le résout… - Oui, vous avez raison, quelqu’un qui vient vous voir en vous disant qu’il a un problème et qu’il voudrait le résoudre. Vous allez remonter à la source de la question et considérer que ce n’est pas un « problème » mais une « question », ce qui est moins péjoratif et moins contraignant, et que vous pouvez répondre à cette question de plein de manières possibles. Dans l’idéal, même si je suis un avocat qui fait des procès, je cherche souvent à éviter à mes clients les procès : mes clients font des affaires, pas des procès ; si je peux leur éviter un procès et qu’ils continuent à faire leurs affaires, ils sont contents et je suis content. - Cela fait déjà 18 ans que vous êtes avocat au barreau de Paris. Je peux imaginer qu’il y a une pression énorme sur ce métier. Avec toute cette pression, quels sont vos moyens de récupération, vos moyens pour vous échapper et vous ressourcer ? - D’abord, la pression il ne faut pas l’éviter. Parce que vous ne pouvez pas. Et ce serait se mentir de faire semblant de ne pas être stressé. […] La pression, il faut l’aimer. Il faut que ce soit stimulant. Sinon, il faut faire un métier sans pression. Moi, la pression, je me m’en mets beaucoup, tout seul. Un, je l’affronte. Deux, elle me fait grandir. Trois, quand j’ai besoin de penser à autre chose, je pense à trois jolis visages : celui de ma femme et de mes deux enfants. Ensuite, il y a des choses qui m’intéressent profondément dans la vie, qui m’émeuvent et qui m’aident à prendre du recul. Des poètes, des grands hommes et femmes dont la vie m’inspire, parce qu’ils ont été d’un courage incommensurable et incomparable par rapport à mon tout petit courage quotidien. Mettre ces choses en perspectives, avec la poésie, avec la musique, un rythme ou des mots différents, et avec l’histoire, même si je ne suis pas du tout historien, cela me fait prendre un peu de recul et cela me permet de relativiser mes préoccupations. - On peut voir que vous êtes donc motivé par la pression. Est-ce que vous avez quelque chose de plus personnel, qui n’est pas forcément lié à ce métier, mais qui vous fait continuer tous les jours et vous encourage à poursuivre ? - Oui, mais je suis incapable de définir ce que c’est. C’est-à-dire que tous les matins j’appuie sur un ressort : je me lève et je n’ai qu’une idée en tête, à laquelle je rêve même la nuit, qui est de réussir ma journée, de réussir mes dossiers, d’éduquer mes enfants et que ma femme continue à m’aimer... Il y a une sorte de réflexe de vie, voir même d’instinct de survie que je transpose tous les jours à mon métier. - On peut dire que vous êtes conduit par l’envie de réussir - Oui. Et pourquoi ? Est-ce de l’ambition, est-ce de la névrose ? Je pense que c’est un mélange de plein de trucs. Et de vos expériences, de votre personnalité, de vos ambitions, de vos qualités, de vos défauts. C’est une sorte de ressort quotidien, nocturne et diurne. « J’aimerais que lorsque je parle, les gens soient émus, comme au début de la chanson de Balavoine » - Vous venez de parler de qualités et de défauts. Est-ce qu’il y a une compétence insoupçonnée que vous auriez aimé avoir ? - Plein, soupçonnés ou insoupçonnés… J’aimerais avoir toutes les qualités du monde. Et quand je parle, arriver à toucher les gens au fond du cœur, comme au début de la chanson de Balavoine (Le Chanteur), et au fond du cerveau. Que, lorsque je parle, les gens soient émus. J’aurais aimé avoir le pouvoir de dire les choses en une phrase, et non en une heure. Car je pense que parfois, une phrase peut suffire. […] Et j’aurais adoré être musicien. Il y a encore un toute petit neurone d’espoir en moi qu’un jour je serai un grand musicien - poète - homme d’État qui va remettre la France au niveau auquel elle devrait être, auquel elle a été, avec poésie et musique… Il y a une sorte de petite flamme qui brille encore. - On comprend très bien votre amour pour la poésie. Vous êtes aujourd’hui, comme dit plutôt, considéré comme l’un des meilleurs plaideurs de votre génération. Ce ne sont pas mes mots. Quel effet cela fait d’être reconnu par ses pairs pour un talent tel que l’éloquence, qui est primordial dans ce métier ? D’abord, je ne vais pas vous contredire sur ces propos élogieux, mais je vous en laisse la responsabilité. Quand je les ai lus, je me suis dit : « tiens le journaliste a interrogé ma mère » (il rit) … parce que je trouve que la phrase est tellement gentille et bienveillante qu’elle provient forcément de quelqu’un qui m’aime et pas seulement qui m’apprécie professionnellement. Ensuite je ne sais pas qui est cette personne, votre interview me permet de la remercier, qui que ce soit. Enfin, je suis embarrassé par votre question. […] D’abord parce qu’il y a dans ma génération des plaideurs remarquables, et en plus, il y en a eu d’autres avant, et il y en a d’autres après, tous aussi remarquables. Et puis c’est tellement subjectif que cela ne veut rien dire. J’accepte le compliment volontiers, mais ça ne me nourrit pas. Ça m’encourage, mais je pense que si l’on se satisfait des compliments, on n’avance pas. « Dis leur merde ! » - On vous connait comme avocat, mais aussi en tant que professeur. Vous nous avez prodigué de nombreux conseils mais on souhaiterait savoir aujourd’hui quel est le conseil le plus précieux qu’on vous ait donné à vous ? - Je pense beaucoup à Herve Temime, qui a été mon premier maître de stage. J’ai commencé mon métier chez lui. C’est un avocat formidable, je ne veux pas parler au passé parce qu’il est mort il y a très peu de temps (moins de deux semaines avant l’interview). Il m’accompagnait beaucoup, dans mes pensées, et il continue de m’accompagner et de me donner beaucoup de force. Je me souviens lorsque j’ai passé la finale pour la conférence du stage, durant laquelle on a un discours à faire, avant de rentrer dans le palais de justice qui était très imposant, […] j’avais la trouille. Pour me rassurer, j’ai pensé à Hervé. C’était il y a 15 ans. Et je lui envoie un texto à 19h, en lui disant que je m’apprête à rentrer dans le palais pour passer la finale de la conférence et que j’essaierai, à mon humble mesure, de mettre en œuvre une partie de ce qu’il m’a appris. Car je me sentais incapable de mettre en œuvre tout ce qu’il m’avait appris. Il m’a répondu 17 secondes plus tard : « Dis leur merde ! ». C’était un conseil bienveillant. Je pense qu’il y a là un conseil qui vaut pour un homme ou pour une femme, au-delà d’être un étudiant ou un prof, un avocat ou un juge… c’est qu’il faut affirmer sa singularité. […] Et quand il m’a dit « dis leur merde », j’ai compris ça. - J’aime à penser que la qualité d’une réflexion vient essentiellement de la qualité des questions que l’on se pose. Vous êtes connu pour vous poser ces trois questions quotidiennement : qui suis-je ? Que fais-je ? Où vais-je ? Aujourd’hui nous aimerions savoir où est-ce que vous allez ? - Hier soir j’ai écouté une chanson de Renaud : « c’est quand qu’on va où ? ». […] Je ne sais pas où je vais. Je ne sais pas quand j’y vais. Et je ne sais pas par quel moyen j’y vais. Je suis donc incapable de répondre à votre question. Ce que je sais, c’est que je me lève tous les matins avec la volonté de bien faire mon travail, de faire grandir mes enfants, d’aimer et d’être aimé. - Vous venez de parler de musique. Pouvez-vous nous dire la musique qui vous décrirait le mieux ? - J’aime trop la musique pour la réduire à moi et pour la réduire à un morceau. Là, j’ai en tête un pianiste breton (Didier Squiban), qui n’est pas très connu car il ne fait pas beaucoup d’enregistrements et qui a arrêté les concerts ; il ne faisait des concerts que dans des églises en Bretagne. Si vous écoutez sa musique, vous avez l’impression d’être dans l’église avec lui. […]. J’ai écouté aussi hier soir, après Renaud, le dernier album de Metallica et j’ai un peu réveillé mes voisins (il sourit). Ça ne me définit pas, Metallica ; il n’empêche que j’ai pris du plaisir à écouter Metallica et ses rifts de guitare qui vous hypnotisent. La musique, c’est comme la littérature ou d’autres arts. On ne peut la réduire à une unité. - Une dernière question pour clore cette première séquence. Quel est votre processus de prise de décision lorsque vous êtes confronté à une opportunité ou un obstacle ? - Avant, je réfléchissais beaucoup, j’angoissais et je prenais une décision. Maintenant, je réfléchis beaucoup, j’angoisse et je prends une décision, mais… (rires) … plusieurs choses nouvelles : d’abord, je fais plus confiance à mon intuition. Je ne la suis pas toujours, mais j’y accorde plus d’importance dans la prise de décision finale. Deuxièmement, une prise de décision, ça doit, pour être une bonne décision, être un travail d’équipe. C’est ce que j’ai appris en travaillant avec Hervé Temime ; c’est ce que j’ai éprouvé et encore plus appris ici (Darrois Villey Maillot Brochier), avec des avocats d’une qualité rare, des profils et des personnalités très différentes. C’est un peu comme la couleur jaune dont on parlait : si je pose une question à trois de mes associés différents, ils la comprendront différemment, leur réponse sera différente et leurs réponses différentes m’aideront beaucoup. […] Mais le simple fait d’élaborer, de sortir de mon petit cerveau la question qui me taraude, de l’exprimer, ça me permet de la faire mûrir en l’échangeant avec une autre personne.

2| HISSER LES VOILES « Je suis déjà un super-héros ! »

On va passer à la deuxième séquence appelée « Hissez les voiles ». Vous êtes un fan de mots, de poésie. Si vous deviez choisir un nouveau mot à introduire dans le dictionnaire, quel serait-il ? - Il y’en a suffisamment de superbes. Pas besoin d’introduire de nouveaux mots. - Si vous étiez un super-héros, lequel seriez-vous ? - J’en suis déjà un ! Avocat, père, mari, ami, frère… Je ne suis pas le seul. Mais c’est une vie de super-héros de vivre, d’avoir tout ça à affronter et construire en même temps. - Si vous étiez un film ou une série ? - C’est comme pour la musique, c’est trop réducteur. Je pourrais vous parler des films de jeunesse de Truffaut […] il y a tellement de films différents, contemporains ou pas, que ce n’est pas possible. - Si vous pouviez choisir une couleur pour décrire votre personnalité ? Je vois que vous aimez bien parler de jaune, est-ce que ce serait le jaune ? - Si vous voulez ! - Dans une autre vie vous seriez ? - Poète ! - … c’est en lien avec ce que vous ambitionnez déjà… - Oui, mais dans une autre vie, je le serai vraiment. Ce n’est pas qu’une ambition. - Si vous pouviez remonter le temps, à quelle période iriez-vous ? On ne vous demandera pas pourquoi. - J’avoue avoir une fascination pour la littérature du XIXème siècle. J’aimerais bien voir à quoi cela correspondait vraiment. - Si vous pouviez-dire un seul mot à votre vous plus jeune ? - J’aurais plein de choses à lui dire. Notamment ce que m’a transmis Hervé. […] Et aussi, si tu veux résoudre le problème des autres, commence par régler les tiens avant de te préoccuper des autres. - On aussi compris tout au long que vous aimeriez changer beaucoup de choses dans le monde. Aujourd’hui, si vous pouviez changer une seule chose, quelle serait-elle ? - C’est une question vaste… Je pense que l’on devrait beaucoup plus se préoccuper, moi le premier, d’éducation. Faire plus attention aux enfants, essayer de les accompagner, de les faire grandir. De mieux leur apprendre.

3| PLONGÉE AU CŒUR DE L’ESPRIT

C’est la fin de cette deuxième séquence, on va maintenant passer à la dernière, qui est « plongée au cœur de l’esprit ». Comme vous l’aurez compris, on va essayer de plus creuser l’homme qui se trouve derrière la robe. On remarque, pour ceux qui ont eu la chance de vous côtoyer, que vous êtes quelqu’un de réfléchi, avec un regard amusé, si je peux me permettre, sur ce qui l’entoure. Ce qui vous permet d’avoir une finesse d’analyse, qui vous permet d’avoir un certain humour sur tout ce qui vous entoure. En s’intéressant en ça, comment définiriez-vous le bonheur ? - Je le définis en disant que c’est un sentiment. Je ne peux pas vous dire des conditions théoriques qui remplissent la catégorie ou le tiroir du bonheur. Vous savez quand vous êtes heureux, et vous savez quand vous l’avez été. - Pour vous quelle est la chose la plus importante dans la vie ? - Pas une chose, mais trois personnes. Ma femme et mes enfants. « Le travail est fondamental » - Avez-vous des principes directeurs qui façonnent votre réflexion ou vos choix professionnels ? - J’en ai un, qui est un défaut, qui est de tout prendre personnellement (il sourit). C’està-dire que, quand il y a quelque chose qui ne va pas, j’ai l’impression que c’est de ma faute. Sans plaisanter, mes principes directeurs, ceux que j’essaye de transmettre à mes enfants, c’est d’être sincère, ne pas mentir, à soi comme aux autres, c’est d’avoir le sens des responsabilités et avoir un peu de recul et d’humour sur les choses et les personnes. - On vous a pris déjà pas mal de temps, donc pour la dernière question, quelle est la principale leçon que vous espérez que les gens retiendront de votre parcours et de votre succès, que vous ayez l’humilité de le refuser ou non ? - (Il réfléchit) … Je pense que la volonté et le travail peuvent être déterminants. Que vous soyez talentueux ou pas, si vous êtes volontaire, si vous bossez, vous pourriez y arriver. Je ne me mets pas dans la catégorie des talentueux, je me mets dans la catégorie des laborieux. […] Pour essayer de motiver les gens que j’aime et que j’ai envie de motiver, je leur dis que John Coltrane (saxophoniste américain) avait un talent exceptionnel, jouait des musiques ensorcelantes. Mais malgré ce talent, malgré sa facilité et sa sensibilité, il jouait du saxophone 18 heures par jour. Et c’est parce qu’il travaillait avec son saxophone 18 heures par jour, qu’il a fait ces musiques. S’il avait joué uniquement 1 heure par jour, ça aurait été un saxophoniste de cabaret, super sympa à écouter, mais ça n’aurait pas été ce qu’il était. C’est parce qu’il avait du talent et parce qu’il travaillait. Le travail est donc fondamental. - Merci beaucoup Maître Brochier de nous avoir reçus et de nous avoir accordé votre temps. - Merci à vous de m’avoir écouté …. et d’avoir pensé que je pouvais répondre à vos questions !

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